vendredi 26 octobre 2007

Révélations!

Vous vous en doutez peut-être, mais je ne m’appelle pas Kitty Blues. Et si je vous disais que je ne suis ni Kitty ni Djou pour Julie. Si je vous disais que je ne viens pas de Thetford, que je ne sais même pas où c’est Thetford.

En fait, je viens du Bangladesh. Je suis arrivée en Angleterre, à l’âge de six ans, avec mes parents, mes 3 frères aînés et ma petite soeur. Il y a longtemps, j’ai dû fuir cette même famille qui voulait me marier de force au Bangladesh avec un type ayant deux fois mon âge alors que je n’avais que seize ans. Heureusement, La Forced Marriage Unit est venu me chercher quelques jours avant la célébration. Parce que j’avais peur continuellement que ma famille me retrouve et me tue pour venger son honneur, je suis déménagée à Montréal. J’étais jeune, j’étais pauvre, je ne parlais pas français.

Alors je suis devenue escorte et je travaillais pour James. James est un réfugié Colombien qui a obtenu sa citoyenneté canadienne grâce aux 25 000$ qu’il avait réussi à économiser alors qu’il trafiquait de la drogue dans son pays d’origine et à ses talents d’acteur. D’ailleurs, les contacts de James provenant de son ancienne vie étaient bien utiles. Je ne manquais jamais de coke lorsque j’en avais besoin.

Aujourd’hui, je me refais une vie, encore une autre, à Sherbrooke. En espérant que ce sera la bonne cette fois. Peut-être que je deviendrai psychologue interculturel afin d’aider ces familles à mieux comprendre les valeurs du pays qui les accueille et vice versa. Aujourd’hui, je m’invente les souvenirs d’une québécoise «pure-laine» pour faire comme si j’avais eu une vie ben ordinaire.

Aujourd’hui je me dis une chance que mes parents avaient choisi l’Angleterre comme terre d’asile. Parce qu’en Angleterre, le mariage de force va à l’encontre des droits et libertés de ses citoyens. Au Québec et au Canada, c’est juste une bien triste histoire qui serait don cute à entendre à Claire Lamarche ou à Oprah, mais contre laquelle personne ne peut rien y faire. Pis James, c’était juste un «p'tit crosseur» dans son pays, comme il y en a plein ici. Il essayait juste de s’en sortir. Contourner, déjouer, manipuler, ne pas se faire prendre surtout, ce sont bien des valeurs canadiennes et québécoises ça non?

Maintenant, vous avez le choix d’accepter cette nouvelle histoire de moi ou de la rejeter. Vous pouvez ne pas me croire. Évidemment, vous pouvez vous dire, qu’en réalité, je ne fais que regarder l’émission Enquête de Radio-Canada. Cependant, vous pouvez aussi vous dire que je suis une immigrante qui a tellement bien appris à communiquer en français et qui est vraiment bien intégrée à la société... Finalement, il n’y en a pas de problème!... juste quelques histoires tristes, mais ça, tout le monde en a... pis kécé tu veux kon fèze?

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J'ai trouvé la photo ici sur le blogue de Patrick Lagacé et, en même temps, j'ai trouvé un autre bon-texte-à-lire-absolument .

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