dimanche 30 septembre 2007

Rien d'important

J’ai serré la main du diable... D’abord, sur le site web du cinéma, c’était écrit «v.o.f». J’avais expliqué à P, qui est anglophone. que ça voulait dire «version originale française». Alors je me demande pourquoi les lèvres de Roy Dupuis bougeaient en anglais. Un mystère de la vie...

Je m’attendais à un film triste. Je n’aime pas voir des films tristes au cinéma. J’ai la larme pudique. Avec la famille seulement... et encore... c’est pas arrivé souvent... Avec des amis... jamais!... sauf si ce sont de futurs psy potentiels... Mais je n’ai pas pleuré.

Le film se termine, les lumières s'allument, le générique défile... et le silence... T (un gars) ne bouge pas. D’ailleurs, je crois qu’il est encore assis là-bas, cloué sur place. M veut sortir de la salle. Elle voudrait que l’on aille jaser, ailleurs. Par contre, L préfère se taire. Elle ne veut pas en parler, sinon elle va se crinquer et ça va l’empêcher de dormir. Moi, je ne sais pas. Je crois que j’aurais besoin d’en parler, mais je manque de vocabulaire. Il n’y a que les mots «osti», «criss», «tabarnak» qui veulent sortir et empêchent toute expression moindrement intelligente. Nous sortons de la salle, laissant T derrière nous, plongé dans son mutisme.

Comme l’a si bien expliqué L, si je n’ai pas pleuré, c’est parce que la colère est une émotion plus forte. Lorsque la colère s’exprime, elle étouffe la tristesse.
Si je n’ai pas pleuré, c’est parce qu’il y a longtemps que j’ai pris conscience de la cruauté humaine.
Si je n’ai pas pleuré, c’est parce que je ne veux pas porter le fardeau du monde sur mes épaules.
Peut-être que T a pris ce poids et qu’il était incapable de se lever.

Finalement, j’ai pris le bus pour rentrer chez moi. Le ipod aux oreilles, même la musique ne parvenait pas à bloquer mes pensées. Alors j’ai réalisé que je n’avais pas envie d’en parler, mais je ne voulais pas me retrouver seule avec mon malaise.

Rwanda, 1994, 100 jours, 1 million de morts.

Le Lieutenant général Roméo Dallaire commandait la mission des Casques bleus de l’ONU au Rwanda.

Maintenant, je ne crois plus vraiment aux missions de paix des Casques bleus. Ils sont peut-être utiles lors des négociations. Par contre, ils deviennent impuissants dès que les groupes opposés entrent en guerre. Alors les Casques bleus n’ont pas le droit d’intervenir. Ils deviennent de simples «fonctionnaires», témoins des massacres. Maintenant, je me demande si la mission de guerre en Afghanistan, c'est peut-être mieux ainsi.

Maintenant, je ne crois plus en l’ONU. Des bureaucrates, des autruches, qui travaillent de 9 à 5. La France, la Belgique, les USA... ils ont retiré leurs troupes lorsque les conflits armés (des machettes, bordel!) ont commencé. Ils avaient perdu des soldats. Si Roméo Dallaire est resté au Rwanda, c’est parce qu’il a refusé de quitter. Il a désobéi aux ordres! Alors, on lui a «permis» de rester mais avec des effectifs réduits. Avec moins d’hommes (450), sans ravitaillement, ils ont réussi à sauver 32 000 personnes.

Maintenant, je comprends que l’Afrique, ce n’est pas important. Aujourd’hui, l’histoire se répète au Darfour. Aucun pays n’intervient. La preuve que ce n’est pas important. De toute façon, ce sont des racistes. Ils s’entretuent. Si je pousse la logique à outrance, ceux qui vont survivre seront les plus dangereux, les plus «tueurs». Demandez au Doc Mailloux de vous expliquer les lois de la génétique. Darwin l’a dit, les plus forts survivent.

Si on compare le nombre de morts qu’il y a chaque jour en Afrique, le 11 septembre 2001 n’est rien. Le 11 septembre devient un incident. La preuve que l’Afrique, ce n’est pas important. Le Rwanda, un petit pays d’Afrique qui n’intéressait personne. Le Darfour, un petit pays d’Afrique qui n’intéresse personne.

Je me souviens du 11 septembre 2001. Pas parce que deux gratte-ciel se sont effondrés à New York. Parce que j’ai cru quelques instants que la 3ème Guerre mondiale commençait. Alors j’ai imaginé des avions qui survolaient le ciel, des bombes qui explosaient...

Si j’étais Ben Laden, je serais en Afrique et je monterais une armée. Ils sont déjà entraînés. Ils font des «miracles» avec des machettes. Imaginez! Si j’étais Ben Laden, je donnerais aux leaders africains un peu d’argent, un lopin de terre avec une maison. Je leur promettrais la sécurité. La sécurité serait imminente... à la condition de la gagner. Personnellement, je crois que la sécurité vient avec la paix. Par contre, les Américains pensent autrement, Ben Laden pense autrement... Mes sources de revenu ne proviennent pas de la guerre... Si j’étais Ben Laden, j’attiserais la colère des Africains envers ces occidentaux qui exploitent leurs ressources, pillent leurs territoires, qui les laissent mourir de faim, du sida... Si j’étais Ben Laden, je m’associerais à l’Iran, la Corée du Nord... Et un jour... ce ne sont pas que des tours qui tomberaient...

Puisque tout ça n’est pas important, je vais arrêter de m’inquiéter...

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