mercredi 9 mai 2007

Messages verbaux à effet modelant

Dans le cadre du cours « Psychologie de l’adolescence », le prof a parlé de certains types de messages qui moulent et contiennent l’enfant à l’intérieur de la dynamique familiale entretenue, souvent inconsciemment, par le/les parents. Ces messages contraignent l’enfant à adopter les attitudes et les comportements prescrits par les parents. Ils permettent ainsi la confection et le maintien des rôles familiaux.

Parmi ces messages, il y a le message à double contrainte. Ce type de messages traduit l’ambivalence du parent envers une consigne. Ils sont formulés d’une telle façon que l’enfant ne peut ni éviter ni se conformer à ce que le parent désire, sans être blâmé. Par exemple, le parent demande à l’enfant de se dépêcher (Dépêches-toi!). L’enfant court et tombe. Alors le parent le gronde car il a couru. (Prends ton temps!).
Tout le monde peut employer ce genre de message. Un homme reproche à sa femme de ne pas le désirer (Fais moi des avances!) et, lorsqu’elle lui fait des avances sexuelles, il refuse en prétextant devoir travailler (Ne me fais pas d’avances!). Une femme se plaint à son mari qu’il ne lui dit jamais qu’il l’aime (Dis-moi «Je t’aime»!) et, lorsqu’il le fait, elle le soupçonne d’avoir quelque chose à se faire pardonner (Ne me dis pas «Je t’aime», je sais que tu mens!). Ces messages mènent à la folie ou à l’entêtement. Certains psychologues pensent qu’ils peuvent même provoquer la schizophrénie.

Il y a aussi les messages paradoxaux. Ce type de messages contient une seule consigne à laquelle on ne peut obéir sans lui désobéir. Ils sont fondamentalement contradictoires et rendent l’obéissance impossible. Voici quelques exemples de messages paradoxaux : «Ne lisez pas ceci», «Sois spontané!», «Je te laisse libre de...», «Ne pense à rien», «Arrête de faire ce que l’on te dit de faire», «Écoutes-moi, ne te fie à personne!» Ces messages rendent bête et infantile la personne qui les reçoit.

Les attributions forment un autre type de messages à effet modelant. Ces messages sont rigides et définitifs et construisent l’image que l’enfant développe de lui-même. Ils amènent ce dernier à prendre un rôle et à devenir prévisible. Lorsque le parent dit «Tu es ceci ou cela», «Tu es comme ça, je te connais». L’enfant est alors étiqueté (beau, gentil, méchant, égoïste, malpropre, etc). Par exemple, «Tu es traîneux».

Les invalidations constituent une autre sorte de message à effet modelant. Ces messages consistent à invalider, annuler, nier l’expérience, le vécu, les pensées, les émotions de l’autre. Les invalidations neutralisent les efforts de l’autre. Par exemple, «Ce n’est pas parce que tu te ramasses une fois que cela veut dire que tu n’es pas un traîneux».

Puis, il y a les inductions qui consistent à amener l’autre à se percevoir comme on le voit. Il s’agit de faire un tri sélectif de l’information reçue pour aller dans le sens de l’attribution que l’on se fait de quelqu’un. Ainsi, on passe sous silence ce qui ne confirme pas l’attribution. Puis, on signale et grossit toute preuve qui corrobore l’attribution. Par exemple, «Tiens, tu vois! Il reste encore des choses qui traînent par terre là!».

Les attributions, les invalidations et les inductions sont des messages interreliés dans un rapport séquentiel et ont un impact considérable sur le modelage de l’attitude et du comportement des enfants dans le système familial. Ainsi, les parents donnent une attribution à l’enfant (Tu es paresseux). Puis, ils invalident toutes les tentatives de l’enfant à démontrer le contraire (C’est pas parce que t’as fait quelque chose aujourd’hui que tu n’es pas paresseux. Il faut voir si ça va durer). Enfin, ils induisent l’enfant à reconnaître qu’ils ont raison. Ils attendent alors les occasions spécifiques qui démontrent qu’ils ont raison et citent ces occasions comme des exemples à leur appui (Tu vois! T’es encore écrasé devant la TV).

Donc, certains messages peuvent amener la personne à développer une image de soi négative ou positive. Attribuer un rôle aux membres de la famille n'est pas mauvais en soi. Pourtant, il ne faudrait pas qu'une personne en vienne à croire qu'elle est prisonnière de ce rôle. Je pense que l'on devrait toujour ressentir que l'on a la possibilité, la liberté de changer.

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