mardi 13 mars 2007

Des anges et des voeux

Être caissière ou commis à l’épicerie a été très formateur pour moi. J’ai appris que les gens pouvaient être vraiment méchants ou très désagréables ou parfois impertinents. Ils ne te connaissent pas, mais on dirait qu’ils ont fait un spécial pour venir te faire suer. Certains semblent aimer t’haïr. Ils te choisissent chaque fois. Ils jouissent à t’engueuler, à t’insulter. Qu’est-ce que l’on ne ferait pas pour se sentir plus fort, pour se sentir mieux que les autres? Je ne savais pas que j’avais du caractère.

Heureusement, ce n’est pas la majorité des gens. Non, la majorité passe, plutôt indifférente… bonjour, merci, aurevoir… C’est correct.

Parfois, il y a encore mieux. Un échange, quelques mots anodins, un regard, un sourire… Rien de spécial et pourtant… Toute une différence. C’est comme un réconfort. L’impression que t’es pas là pour rien, que ça compte peut-être malgré tout.

Ça existe des rayons de soleil. Il y avait cette vieille dame, rencontrée une nuit d’été. J’attendais l’autobus, assise dans un escalier. Il était 2 ou 3 heures du matin. Il faisait chaud, il pleuvait et je commençais à être trempée. Et cette grand-mère m’offre un abri sous son parapluie. J’en avais pas vraiment besoin, car j’étais déjà trempée. Mais j’ai accepté, avec gratitude, parce que tout le monde ne ferait pas ça… pas la nuit… pas envers une inconnue. Et l’on a jasé de tout, de rien, de banalités en se faisant mouiller sous le parapluie trop petit pour deux. Par la suite, chaque fois qu’elle passait à ma caisse, je la reconnaissais et on discutait brièvement. J’ai su qu’elle venait au centre-ville pour aider une autre femme âgée. Puis, j’ai su qu’elle allait souvent au casino. Souvent… assez pour que je m’inquiète… Mais au fond, je ne sais pas, je ne la connais pas, je ne peux pas savoir… Je me trompe sûrement, j’ai beaucoup d’imagination. Elle est si gentille…

Il y avait un gars aussi. Avec lui, aucun événement particulier… juste un bel homme, charmant… avec un accent sexy, des yeux pétillants et un de ses sourires… de ceux qui vous redonnent de l’énergie quand vous êtes vidés.

Un jour, je me suis surprise à penser à eux. Je venais de voir un film «Si près, si loin», enfin, je crois que c’était ça… la suite d’un autre film «Les ailes du désir», enfin, je crois aussi… Peu importe… Je travaillais et c’était une soirée ordinaire. Alors, j’ai souhaité que l’une de ces deux personnes passe à ma caisse. Je venais de décider qu’elles étaient mes anges gardiens. J’avais besoin d’un sourire, d’une phrase sympa, d’un geste amical… quelque chose de gratuit. Et ce soir-là, ils sont tous les deux venus au magasin, à ma caisse!

Depuis, je continue à faire des vœux. Et des «anges», j’en croise encore… Curieusement, ils sont souvent à l’arrêt d’autobus, dans le métro ou sur la rue… D’après les films, ils fréquentent aussi les bibliothèques…

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