vendredi 16 février 2007

Parcours improbables

J'étais une enfant sage. J'étais une étudiante tranquille. J'étais la soeur raisonnable. J'avais un avenir prometteur. Tout le monde le disait. Tout le monde le pensait. Moi aussi.

Ça veut dire quoi ça, un avenir prometteur?

Je suis partie étudier à Montréal, à l'UQAM, en relations publiques. J'avais aucune idée de ce que c'était, mais ça avait l'air tellement intéressant! Ce programme contenait des cours en communication, en gestion, en sociologie, en psychologie, en géopolitique, en économie, en droit. Pour une fille comme moi, qui aimait tout en général, mais rien en particulier, c'était génial! J'ai adoré ça! Être relationniste, c’est avoir plein de projets et tout le temps et les réaliser. C’est aussi rencontrer plein de gens intéressants et passionnés. Des gens engagés et stimulants.

J'ai habité 2 ans dans le quartier Villeray avec Christine qui étudiait en histoire, était guide touristique à New York et se cherchait un chum pour avoir des enfants et vivre heureuse longtemps. J'ai rencontré Marc, un gars 15 ans plus vieux que moi, qui avait 2 enfants et qui m'a demandé en mariage. J'ai refusé. Heureusement car je me suis vite rendu compte qu'il était dépressif, alcoolique et jaloux. Quelque temps après l'avoir menacé d'appeler la police s'il revenait chez moi sans y être invité, il s'est mis à sortir avec l'une de mes meilleures amies. Cette amie voulait un enfant de lui alors qu'il souhaitait maintenant devenir une femme. Même s'il était en couple et qu'il voulait devenir une femme, il disait qu'il m'aimait toujours. Aujourd'hui, je ne sais pas s'il est devenu une femme ni s'ils sont encore en couple. Ce gars-là mérite d’être heureux

Peu de temps après, j'ai rencontré Karl qui revenait de Bosnie. Cet ancien squeegee venait de quitter l'armée et d'avoir un accident de moto lorsque je l'ai vu la première fois. Il travaillait au stade olympique, puis il est devenu agent de sécurité. Lors de notre première rencontre, Karl m’a présenté son sexe comme on exhibe ses trophées, ses médailles, ses toiles ou autres fiertés. La vierge que j’étais en fût très surprise car nous marchions sur les trottoirs du Vieux-Montréal, un soir d’été plutôt achalandé. Ce type était une bête de sexe et fier de l'être. Il a voulu baiser avec moi au stade, dans les toilettes d'un poste de police, au vieux port, et dans une salle d'audience du palais de justice... Après un mois de fréquentation, alors que l'on se voyait aux deux jours, il m'annonce qu'il a une blonde et qu'il vit avec. Ne connaissant pas son intention après avoir fait ses révélations, je l’ai averti que dorénavant je savais que je ne serais jamais sa blonde et que je n’aimais pas l’idée d’être une maîtresse. Il m'a présenté son rottweiler et lorsqu'il était saoul, il me disait qu'il m'aimait. Il disait aussi qu'il avait baisé les blondes de ses amis. Il a été bénévole en jouant au football avec des jeunes vivants en centre d'accueil. Par la même occasion, il a rencontré son ancienne travailleuse sociale et a baisé avec. Je ne me souviens plus à quel moment dans cette histoire, mais sa blonde l'a quitté. Il a décidé de faire un cours en infographie.

Pendant ce temps, je suis déménagée dans le quartier Hochelaga avec Martine qui étudiait en art. Elle était très jolie, très timide et très talentueuse. Ce même été, j'ai commencé à travailler comme caissière dans une épicerie et comme monitrice dans une école de langue. J'étais caissière le jour et le soir, j'accompagnais des étudiants étrangers au restaurant, je leur faisais visiter la ville et je les invitais à participer aux différentes activités touristiques de Montréal. Alors que Karl venait de moins en moins me voir, j'ai rencontré Phong, un peu plus jeune que moi, d'origine asiatique, coréenne si je me souviens bien.

Phong avait des cicatrices dans le dos, souvenirs de ses parents qui le battaient quand il était enfant. Il s'est enrôlé dans l'armée, il rêvait d'être un soldat. Malheureusement, Phong était vraiment très très jaloux? suspicieux? insécure? En tout cas, je finissais de travailler à minuit, souvent 2h du matin. Quand je rentrais du travail, j'avais parfois un message de lui sur mon répondeur. Évidemment, je trouvais normal de ne pas réveiller toute sa famille et d'attendre le lendemain pour le rappeler. Mais lui me réveillait le lendemain et me disait : «Tu n’as pas rappelé? T'étais où?» Je pense avoir été patiente avec lui. Je lui expliquais que 1- je n'étais pas sa blonde, 2- je travaillais tard, 3- j'avais un horaire chargé et 4- j'avais toujours été honnête avec lui. Je lui ai aussi dit que si moi je n'avais pas confiance en quelqu'un, je n'entretenais pas de relation avec cette personne. Je voulais dire: «Si tu n'as pas confiance en moi et que tu souffres à cause de moi, quittes-moi.» Finalement, tannée de me justifier constamment, j'ai coupé les ponts. La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles, il s'était fait une blonde. Il avait 18, elle 14-15 et il ne lui avait pas donné son vrai nom. Le père de la fille était vraiment contre cette relation.

Puis, il y a eu Danny. J’ai rencontré Danny, un beau bonhomme, dans un bar. Cette rencontre a été très brève. Il m’a dit, je cite : «Je ne peux pas vraiment te parler maintenant, il y a plein de monde qui m’attende. Je te reviendrai peut-être plus tard.» Ce que j’ai compris : «Tu ne m’intéresses pas vraiment, il y a une fille là-bas qui est vraiment plus belle que toi. Si ça ne marche pas et que je suis vraiment mal pris, je reviendrai peut-être mais bon, il faudrait que je sois vraiment mal pris et ça ne m’est jamais arrivé.» Quelque temps plus tard, j’ai croisé ce Danny dans un restaurant, fier de me présenter sa blonde qui était très jolie. J’étais contente pour lui, de toute façon j’étais en excellente compagnie, deux gars beaucoup moins beaux mais tellement plus intéressants et très sympathiques. Puis un jour, Danny s’est retrouvé seul. Allez savoir pourquoi mais il s’est souvenu de moi. Danny est l’une des personnes les plus ennuyantes que j’ai rencontré. Un ton de voix monotone, jamais de sourire et presque rien à dire. Cette «relation» n’a pas duré longtemps car Danny s’est mis à avoir la mauvaise idée de m’appeler pour savoir si j’étais seule chez moi et de cogner en même temps à la porte quand c’était le cas. J’aime avoir le choix. Ces visites me semblaient cycliques, comme s’il faisait le tour de son carnet noir de A à Z et recommençait lorsqu’il arrivait à la fin. Pardonnez mon langage, mais je ne suis pas une poubelle. Si j’acceptais que des hommes viennent se vider et repartent, presque anonymes, je serais payé pour ça.

À suivre…

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