vendredi 16 novembre 2007

La classe «sardine»

J’ai regardé la reprise de «La Fosse aux lionnes» ce soir. Elles ont parlé de Patrick Huard qui a refusé d'aller présenter son film dans un festival à Paris parce qu'on lui avait offert un siège en classe économique seulement. Elles expliquaient qu’il avait fait ça par principe, parce que c’était une question de reconnaissance. Outrée, j'ai envoyé le commentaire que voici à l’émission :

«Les artistes, ceux qui vivent de leur art, ont de la reconnaissance tous les jours. Souvent, ils se font dire qu’ils sont appréciés, que l’on aime ce qu’ils font. Je ne connais aucun autre métier qui reçoit autant de reconnaissance. À mon avis, les personnalités médiatisées reçoivent tant de reconnaissance, qu'elles se perçoivent assez grandes pour appeler les gens du public: le petit monde (ici, j'aurais dû ajouter «ou le monde ordinaire»). Si je comprends bien, le financement des films se fait grâce aux deniers publics. Si Huard reçoit 5 millions des gouvernements pour faire un film, c’est un don ou un prêt? Si c’est un don, c’est un bien grand privilège. Moi aussi, je ferais quelque chose de beau et de grand pour la société si on me donnait ou prêtait 5 millions. N’allez pas croire que je dénigre l’art et la culture, bien au contraire, c’est la seule chose que je me permets de surconsommer. Mais ne venez pas me dire que le siège en classe affaire pour un réalisateur est une question de principe.

Demain, je vais faire ma journée d’étudiante et ma soirée de caissière d’épicerie, Une vie exigeante et difficile, sans reconnaissance aucune. Je ne peux que compter sur ma propre satisfaction. Puis, je me dirai que l’art et la culture, ce ne sont pas une question d’argent. Elles existent même dans les pays très pauvres et je penserai à Bollywood pour appuyer mon idée.

P.S. : Patrick, je l’ai vu ton film. Il était bon. Je t’aime bien. J’aime bien ce que tu fais. Pis, je vais le prendre ton billet en classe économique. J’ai besoin de me m’enfuir et de me divertir. La seule chose que ma job m’ait jamais donné, c’est des «pins» (broches) avec le logo de la compagnie (2 en plus de 8 ans de service). Les lionnes, je vous aimais beaucoup plus lorsque vous étiez en début de soirée. Vous êtes professionnelles et divertissantes. Vous me donniez l’envie de m’exprimer sur tout et rien aussi. Mais c’est correct, les vieilleries entre 16 et 18h, ça me permet d’étudier.»

Ensuite, (Je sais, j’aurais dû faire mes devoirs avant), j’ai lu les explications de Patrick. Pour le film «Les 3 ptits cochons», il aurait fait entre 24 000 et 26 000$ par années de travail. C’est pas terrible. C’est un salaire de caissière, presque à temps plein. (ben oui, les compagnies font beaucoup d’argent sur le dos des caissières.) Mais je l’aurais quand même pris le foutu siège en classe économique.

Dans le débat, à «La fosse», Mme Suzanne Lévesque a dit quelque chose comme : «Nous ne sommes pas dans un pays communiste. C’est normal, ici, qu’un réalisateur ait un siège en classe affaire. Qu’on lui offre au moins, il pourra toujours le refuser s’il souhaite être avec les autres représentants du film.» Elle trouvait aussi que les délégations québécoises envoyées dans les festivals étaient trop grosses. Que l’on devrait envoyer moins de monde mais avec de meilleures conditions.

Elle a raison. Nous ne sommes pas dans un pays communiste, où tous les salaires sont égaux. Nous sommes dans un pays capitaliste. Le but du capitalisme est de faire du profit. Donc, certains profitent des autres... (sujet d’un prochain blogue, je crois).

3 commentaires:

Vincent a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Vincent a dit...

Salut,

J'ai entendu parlé de cette histoire à la radio, et ce que Patrick Huard disait c'est qu'il voulait amené quelqu'un avec lui (un membre de l'équipe) et ils ont refusé alors il a décliné l'invitation.

Je ne sais pas qui dit vrai dans tout ça...

KittyBlues a dit...

@Vincent,

Huard voulait être accompagné de son gérant. Toutefois, s'il a refusé d'aller a Paris, c'est parce qu'il considérait que la SODEC lui manquait de respect et de reconnaissance en lui offrant un billet en classe économique plutôt qu'en classe affaire.